mardi 16 novembre 2010

"Ferme solaire" : à Niergnies aussi!

Vue aérienne verticale de l'ancienne base de Cambrai-Niergnies (Google Earth).

C'est la tendance actuelle : à l'instar de bien d'autres plate-formes OTAN*, l'ex-base aérienne de dispersion de Cambrai-Niergnies va également se voir recouvrir prochainement de panneaux solaires pour se muer en une centrale photovoltaïque. 

La communauté d'agglomérations de Cambrai vient en effet de signer, il y a quelques jours, la promesse de bail emphytéotique en vue de la construction et de l'exploitation d'une "ferme solaire" d'une centaine d'hectares sur cet ancien site militaire. Ce dispositif devrait être opérationnel en 2014.

A première vue, cette information, révélée par La Voix du Nord, peut surprendre puisque l'aérodrome est toujours utilisé par l'aéro-club local, installé au Nord des installations et n'utilisant, il est vrai, que les seules pistes 08/26 en dur et en herbe, le reste de la base ayant perdu depuis longtemps sa capacité d'accueil  d'aéronefs. 
Les deux pistes parallèles actuellement utilisées dans le cadre de l'aviation de loisirs.

La future centrale préservera-t-elle l'aérodrome actuel en s'installant au sud de l'emprise, suivant l'axe de la piste Nord-Ouest/Sud-Est? Ou l'aéro-club sera-t-il contraint de faire place nette en déménageant sur la future ex-BA 103 de Cambrai-Epinoy (située à 7 kilomètres au Nord Ouest de Cambrai), qui devrait être évacuée par l'Armée de l'Air en 2012? Il est encore un trop tôt pour le dire... wait and see!

L'aérodrome de Niergnies en 1946, tel qu'il fut aménagé par les Allemands, et
avant les travaux de mise aux standards OTAN au milieu des années 50.

* à l'heure actuelle, des projets de "fermes solaires" sont également envisagés sur tout ou partie des bases suivantes : Dreux-Senonches (28), Toul-Rosières (54), Lure-Malbouhans (70), Marigny le Grand (51), Marville (55)

vendredi 12 novembre 2010

Marville comme si vous y étiez


Continuons notre tour d'horizon des idées cadeau, toujours au rayon "livres", avec un opus qui mérite vraiment un "coup de projecteur" : Marville RCAF Air Base.

Comme son nom l'indique, ce livre revient sur l'histoire du 1er Wing canadien de Marville (55), installé dans la Meuse, quatorze années durant. 
L'escadre, composée de trois escadrons de vingt-cinq appareils chacun, fut d'abord intégralement dévolue à l'interception et à la chasse diurne, avec ses CL-13 Sabre Mk 2 (version fabriquée sous licence par Canadair du fameaux F-86 américain). Puis, pour combler la faille que représentaient la nuit ou les nuages dans le système anti-intrusions de l'OTAN, un des trois escadrons de Sabre fut remplacé par un escadron de dix-huit CF-100 Canuck, à l'instar des autres escadres canadiennes déployées en Europe au cours des années cinquante. Ce nouvel appareil, intercepteur tout-temps, permettait aux aviateurs canadiens d'assurer une alerte H24 face à d'éventuelles incursions belliqueuses de bombardiers soviétiques.

Même s'ils furent régulièrement remplacés par des versions plus performantes (Mk 5 puis Mk6), les Sabre arrivèrent à l'âge de la retraite au début des années soixante, alors qu'ils commençaient à côtoyer dans les cieux européens des intercepteurs de dernières générations (comme le Mirage III), reléguant définitivement les intercepteurs canadiens (Canuck compris) au rang d'"antiquités".

Il était temps pour la division canadienne en Europe de changer de monture, ce quelle fit en 1963, en changeant également de mission. Si toutes les bases canadiennes en Europe s'apprêtaient à recevoir le CF-104 Starfighter comme nouvelle dotation, l'escadre de Marville fut la seule des quatre Wings de la RCAF à se voir confier la mission de reconnaissance aérienne. L'unité, désormais composée de deux escadrons, assura ce rôle depuis la France jusqu'au printemps 1967, date du retrait de la France du commandement intégré de l'alliance Atlantique. A cette date, la base de Marville ferma définitivement. Les forces aériennes canadiennes qui y stationnaient prirent la direction de Lahr, en Allemagne, pour continuer leur mission au sein de l'OTAN, au départ de la rive droite du Rhin.

Si c'est bien entendu cette histoire militaire et politique qui sert de trame à ce superbe livre, de nombreux autres aspects sont également évoqués!  L'installation de la base canadienne eut en effet de telles conséquences dans le paysage et dans la vie économique, sociale et culturelle du Nord-meusien et d'une partie de la Belgique toute proche que les auteurs, eux-mêmes belges, ne pouvaient omettre de revenir sur les célébrations diverses, les rencontres sportives entre Belges, Français et Canadiens et les amitiés qui se nouèrent entre ces trois peuples.

Richement illustré de nombreux clichés inédits, dont beaucoup sont en couleurs, ce livre est à la hauteur de l'investissement personnel de ses auteurs. Edité une première fois en 2004, coup de coeur de l'Aérobibliothèque, il avait été rapidement épuisé, incitant les auteurs à le ré-éditer en 2007.
Quelques exemplaires restent donc encore disponibles à ce jour, mais ne tardez pas à le commander, cette "seconde chance" est la dernière qui s'offre à vous! 
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Marville RCAF Air Base
par/by Philippe Baar, Pierre Baar, Hugues Herr
Autoédition
Préface par/foreword by G/C D.J. Williams, commandant de la base de Marville (1956-1959). 
& Général Robert Christie, dernier commandant de la base de Marville (1966-1967). 
356 pages, 22,5 x 30,5 cm - couverture souple / paperback
Texte en français, légendes des photos en français et en anglais
Text in french, captions in both french and english.

60 € + frais de port variable selon destination / Shipping costs depending on the destination (Belgique / Belgium : 10 € / France : 12 € / Canada : 15 €)

Pour commander, utiliser la rubrique "Contact" de ce blog.
Je relayerai les demandes aux auteurs en Belgique (merci de préciser le nombre d'exemplaires désirés et l'adresse postale de destination).

To order, please use the "Contact" link of this blog and I will transfer the requests to the authors ( be sure to notify how many books you want, and where you want them to be shipped).


Disponible également à la Maison du Livre Aviation!

dimanche 7 novembre 2010

50 ans de NATO Tiger Meet


Cliquez sur les images pour les agrandir
Voilà qui aurait pu constituer une nouvelle idée cadeau pour les fêtes de fin d'années... Malheureusement, ce livre ne sera pas publié à temps, puisqu'il ne sortira qu'en avril 2011, quelques semaines avant le NTM 2011. Car en effet, le sigle NTM ne désigne pas seulement le nom d'un groupe de rap français provocateur, mais également NATO Tiger Meet, autrement dit, "Réunion des Tigres de l'OTAN"...

Chaque année, depuis un demi-siècle, les unités des forces aériennes des pays membres de l'OTAN ayant pour emblème un tigre ont en effet pris l'habitude de se réunir pendant quelques jours, afin d'effectuer de concert des manœuvres interalliées et des exercices dans une ambiance détendue, voire potache.
Tous les ans, pour les mécanos des unités participantes, ces rencontres sont l'occasion de rivaliser d'imagination et de talent afin de décorer d'une livrée toute particulière un de leurs appareils (avion ou hélico).


Or, le Squadron 439 "Tigre dent de Sabre" de la RCAF, basé à Marville (55) jusqu'en 1967 fut, l'un des éminents escadrons de ce club très privé. En 1962 et 1963, cet escadron participa aux NTM avec ses intercepteurs Canadair Sabre Mk 6.

Canadair Sabre du Squadron 439 de Marville.
Photo : Jack Wilkinson
En 1964, alors en pleine période de transformation sur un nouvel appareil, le CF-104 Starfighter, dans le cadre d'une nouvelle mission, la reconnaissance aérienne, le Squadron 439 ne participa qu'à titre d'observateur, sans avions, avant de revenir en force en 1965 et 1966 avec sa nouvelle monture.

Ayant évacué la base de Marville au début de 1967 au profit de la base de de Lahr, en Allemagne (jusqu'alors occupée par l'Armée de l'Air), le Squadron 439 de la RCAF continua par la suite à participer régulièrement au NATO Tiger Meet jusqu'en 1992, quelques mois avant le retrait d'Europe des Forces Armées Canadiennes (en janvier 1993).



En 2011, l'évènement aura une saveur toute particulière puisqu'il sera en effet organisé par l'escadron de chasse 1/12 "Cambrésis", et se tiendra donc, une dernière fois, sur la base aérienne 103 de Cambrai-Epinoy avant sa fermeture en 2012.

Ce livre, qui promet d'être riche d'illustrations aussi nombreuses qu'inédites, assorties d'anecdotes et de souvenirs, est actuellement en pré-commande sur le site Nato Tiger Association. Des aperçus non définitifs de certaines pages sont également proposés sur ce site.
Bien entendu, il s'agira d'un livre en anglais, dont seuls 2000 exemplaires seront disponibles à la vente. D'où l'intérêt de le pré-commander (avant le 1er janvier 2011), pour pouvoir également bénéficier d'un prix avantageux (50 € au lieu de 60 €, hors frais de port). Les souscripteurs auront également la chance de participer à un tirage au sort leur permettant de gagner une montre Breitling, des entrées pour le Royal International Air Tatoo 2011 à Fairford, et de nombreux autres lots.


L'autre nouvelle que nous apprend ce site web est qu'un meeting aura lieu à l'occasion de ce dernier Tiger Meet sis dans le Cambrésis, puisqu'il sera possible de récupérer son (ou ses) exemplaire(s) du livre soit lors du Spotter day, soit lors du meeting qui se tiendra le 15 mai 2011 non pas à la base aérienne 103 de Cambrai-Epinoy, mais sur l'ancienne base OTAN de Cambrai-Niergnies, à 5 km au Sud-Est de Cambrai. Dans ce cas, les frais de ports seront intégralement remboursés aux acheteurs.

Saluons la publication de ce ce livre de jubilé, une belle initiative qui prend des airs de baroud d'honneur pour les hommes et les avions de l'EC 1/12 "Cambrésis" qui, comme le Squadron 439 de la RCAF fut durant de longues années un des piliers des tigres de l'OTAN!

Le SMB2 au couleurs de l'EC 1/12 en exposition dans le hall cocarde, au Musée Air + Espace
du Bourget  témoigne encore de l'esprit fraternel qui liait l'unité au Squadron 439 canadien...
Photos : F. Loubette
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NATO Tigers - Fifty years
par la NATO Tigers Association
Edition limitée - Parution avril 2011
432 pages - couverture cartonnée
50 € + frais de port (en souscription)
60 € + frais de port à partir du 1er janvier 2011

mercredi 3 novembre 2010

La bible du F-100 Super Sabre...


... sous couleurs françaises vient de paraître!

Et ça tombe bien! Car, ça ne vous aura pas échappé, voilà quelques semaines que la pluie et les nuages gris et bas s'invitent durablement dans nos cieux, qu'il fait nuit en plein jour et que le thermomètre  baisse graduellement. Pas de doute, on aborde la période d'hivernage où les soirées qui s'allongent et les weeks-ends pluvieux ne sont plus guère propices à sortir faire de grandes balades...

C'est donc le moment idéal pour se lancer dans la lecture d'un livre passionnant et bien fait, richement illustré et dont le nombre de pages nous garantit d'avoir de la matière pour un bon bout de temps (dans un mois et demi, l'hiver ne fera que commencer officiellement, ne l'oublions pas!). Sinon, pour ceux qui auraient encore des travaux à faire au jardin pour le moment, sachez anticiper : dans quelques semaines, le froid se fera plus rude, et les fêtes de fin d'années approchant, voilà donc assurément un cadeau à se faire offrir (ou, à défaut, à s'offrir!).

Mais venons en aux faits : le F-100 Super Sabre en service dans l'armée de l'air! Il s'agit donc des versions D (bombardement atomique entre autres ) et F (biplace)... Tout un programme!
Pourquoi vous en parler dans ce blog? Les raisons sont multiples!
D'abord, les F-100 français furent intégrés à l'inventaire de l'Armée de l'Air dans le cadre du Military Assistance Program (MAP), partie émergée de l'iceberg qu'était la doctrine américaine de containment et matérialisation militaire de l'alliance Atlantique.

De plus, pendant la guerre froide, les jets de l'US Air Force étaient rapidement remplacés par de nouveaux appareils plus performants. S'ils étaient jugés obsolètes pour l'USAF, leur potentiel restait souvent réel, voire important. Ils étaient alors cédés, soit aux unités de l'Air National Guard (force aérienne de réserve des Etats-Unis), soit aux nations alliées, dans le cadre du MAP, justement. C'est dans ces conditions que des F-100 Super Sabre appartenant jadis au 48th Tactical Fighter Wing (TFW) de Chaumont (52), ou au 49th TFW d'Etain (55) par exemple, se retrouvèrent sous cocardes françaises, aux mains de pilotes et de mécaniciens de l'Armée de l'Air tandis que les unités américaines percevaient respectivement des F-4 Phantom et des F-105 Thunderchief.

Ces quatre F-100 évoluaient précédemment sous couleurs américaines,
depuis les bases d'Etain et de Chaumont.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
Chargés de la pénétration nucléaire à une époque où la France n'était pas encore autonome dans ce domaine, les F-100 de l'Armée de l'Air étaient alors dotés d'armes atomiques américaines, sous contrôle de l'armée des Etats-Unis. Rappelons qu'en 1958, les armes atomiques nécessaires aux unités tactiques américaines basées en France (Chaumont, Etain et Toul-Rosières) avaient été interdites dans l'Hexagone par le général de Gaulle, puisque les Américains ne daignaient pas, selon les voeux du Président du Conseil, en laisser le contrôle aux autorités françaises. Le résultat fut la migration en Allemagne des trois escadres tactiques américaines basées en France (48th, 49th et 50th TFW). Ainsi, la souveraineté nationale semblait-elle respectée.
Or, une des conséquences pour le moins cocasse de cette politique fut que les F-100 français, dotés de bombes américaines,  durent eux aussi quitter l'Hexagone pour opérer depuis l'Allemagne (bases aériennes françaises de Lahr et Bremgarten), au moins jusqu'à l'indépendance nucléaire française, représentant une autre facette de l'histoire des aviations de l'OTAN au cours de la guerre froide....

Enfin, à l'instar de tous les appareils d'origine américaine évoluant en Europe (que ce soit au sein de l'USAFE comme des forces aériennes des pays membres de l'OTAN), les F-100 français étaient entretenus au départ par le Central Air Material Area, Europe (CAMAE), au Châteauroux Air Depot, avant la fermeture de la base américaine de Châteauroux-Déols*. On disait alors qu'on envoyait les avions en IRAN (pour Inspect and Repair As Necessary).

Quoi qu'il en soit, si l'aviation militaire, et notamment les "lampes à souder" vous intéressent, voilà de quoi vous "en payer une bonne tranche". Superbement illustré et détaillé, à l'instar des opus de la série sur le Mirage III qu'Eric Moreau avait déjà co-écrite, bien conçu et d'une fabrication à la hauteur du temps et de l'énergie investie dans ce projet, ce livre est un must! Seul petit bémol : une relecture sans doute un brin rapide a laissé passer d'assez fréquentes fautes d'orthographe... c'est toujours regrettable, surtout dans le cadre d'une véritable "bible" comme c'est le cas ici. Il est vrai que de nos jours, les lecteurs y deviennent de moins en moins sensibles, c'est regrettable... Jean-Pierre Calka quant à lui avait récemment co-signé le très bel historique de la BA 112 de Reims dont je vous avais parlé ici-même. Et si malgré ces garanties vous deviez encore hésiter, jetez un coup d'oeil à la recension de ce livre par l'Aérobibliothèque!

* le CAMAE sous-traitait alors en partie la maintenance avec le consortium AEMCO-Breguet, puis avec  la SERIMA (Société d'Entretien et de Réparation Industrielle de Matériel Aéronautique) qui continua encore l'entretien des appareils américains aux couleurs françaises après la fermeture de la base de l'US Air Force.
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F-100D/F Super Sabre en service dans l'Armée de l'Air
par Jean-Pierre Calka et Eric Moreau
Eric Moreau autoédition
Voir le site des auteurs & COMMANDER
ISBN 978-2-9537514-0-6
70 €

lundi 1 novembre 2010

Le Fana du Canuck


Après avoir mis le RF-84F Thunderflash à l'honneur le mois dernier, Le Fana de l'Aviation consacre ce mois-ci un article à un autre jet militaire emblématique de la guerre froide : le CF-100 Canuck.

Pour relater l'histoire de l'Avro CF-100, des prémices du projet jusqu'à son retrait du service opérationnel, à qui faire plus confiance qu'à Jean-Pierre Hoehn? Journaliste spécialiste de l'aviation et passionné par les jets de la guerre froide, surtout quand ils sont américains et canadiens, l'auteur connait bien son sujet puisqu'il avait déjà traité de cet intercepteur 100% canadien il y a bien des années. 

En effet, dans les pages d'Air Fan de juin et juillet 1980 (n° 20 et 21), Jean-Pierre Hoehn présentait les quatre escadrons de Canuck de la RCAF implantés en Europe : en France, à Marville et Grostenquin, et en Allemagne, à Zweibrücken et Baden-Söllingen. Mais c'était il y a trente ans, et la majorité des photos présentées alors dans les magazines était en noir et blanc.

Il était donc temps de remettre en lumière ce jet injustement méconnu dans une monographie retraçant, cette fois, l'origine et le parcours du Canuck, dans toutes ses versions de la Mk I à la Mk V, en passant par la Mk IV B qui fut la version la plus répandue et également celle déployée en Europe sous couleurs canadiennes*, dans une livrée camouflée.

L'article détaille également les différentes missions allouées au CF-100 tout au long de sa vie, de la défense aérienne du Grand Nord Canadien à la permanence opérationnelle tout-temps en Europe, jusqu'aux missions de guerre électronique ou de remorquage de cibles. Illustré de belles photos, dont la plupart, cette fois, en couleurs, cet article dépoussière à bon escient un autre "personnage" de la guerre froide aérienne.

Le Canuck n° 757 du musée de l'aviation du Canada, à Ottawa-Rockliffe,
aux couleurs du Squadron 414 de guerre électronique.
© F. Loubette
* Rappelons en effet que le Canuck vola également en Europe sous les cocardes belges, dans sa version Mk V, comme celui évoluant en patrouille dans l'image de manchette de ce blog.