La base américaine de Châteauroux et l'ère de prospérité économique qui résulta de son activité a déjà fait couler beaucoup d'encre, et le phénomène ne semble pas près de s'arrêter! Depuis quelques années en effet, les ouvrages consacrés à la base américaine de Châteauroux se multiplient.
C'est pourtant un axe assez inédit que celui pris par Nicolas Pavlicevic pour le traitement de ce sujet dans son livre Il a fait son Amérique à Châteauroux. En relatant l'épopée d'un immigré monténégrin en quête d'Arizona, qui rencontre l'Amérique plus tôt que prévu dans sa route vers l'Ouest, en plein coeur de l'Indre, l'auteur rend un vibrant hommage posthume à son père Wojo. Ce dernier est en effet le personnage principal de cette histoire qui éclaire d'une lumière originale l'histoire américaine de Châteauroux. A la lecture de ce texte, on prend la mesure du rayonnement qu'exerçait alors cette "ville américaine" située en plein Berry...
C'est pourtant un axe assez inédit que celui pris par Nicolas Pavlicevic pour le traitement de ce sujet dans son livre Il a fait son Amérique à Châteauroux. En relatant l'épopée d'un immigré monténégrin en quête d'Arizona, qui rencontre l'Amérique plus tôt que prévu dans sa route vers l'Ouest, en plein coeur de l'Indre, l'auteur rend un vibrant hommage posthume à son père Wojo. Ce dernier est en effet le personnage principal de cette histoire qui éclaire d'une lumière originale l'histoire américaine de Châteauroux. A la lecture de ce texte, on prend la mesure du rayonnement qu'exerçait alors cette "ville américaine" située en plein Berry...
Répondant à l'invitation d'un improbable oncle d'Amérique, le jeune Wojo, 24 ans, quitte son Monténégro natal, en quête d'aventures et d'argent facile, de l'autre côté de l'Atlantique. Mais le chemin pour parvenir à cet Eldorado est long et compliqué. Wojo embarque donc son ami d'enfance dans cette aventure à l'issue prometteuse : à deux, on est plus fort : on se sert les coudes et on entretient le rêve et la motivation. Jeunes et désargentés, les deux amis parviennent tout de même jusqu'à Bordeaux. Par le biais de rencontres inattendues, mais de mains, elles, tendues, les deux jeunes gens trouvent de petits boulots, espérant économiser pour la grande traversée. Mais bien sûr, comme le laisse deviner le titre du livre, rien ne se passe comme prévu...
Ce n'est qu'au terme du premier tiers du récit, par le truchement d'une petite annonce, que Wojo quitte Bordeaux pour la base américaine de Châteauroux où il arrive au début des années soixante. Embauché comme coiffeur à la Martinerie, il passe ses journées à coiffer des GI's et ses soirées débridées à écumer les bars et les dancings castelroussins. De nouvelles rencontres improbables avec des membres de la diaspora balkanique vont sourire au héros et lui permettre de s'intégrer facilement dans la cité. Personnage fêtard, bagarreur à ses heures, Wojo ne pouvait pas mieux tomber qu'à Châteauroux en pleine période américaine! On peut toutefois s'étonner de ne pas trouver d'anecdotes au sujet du marché noir qui gangrénait la base américaine à l'époque et qui n'a pas dû laisser Wojo indifférent, lui qui travaillait à la Martinerie où il avait de nombreuses relations...
Son fils nous dépeint notamment ce à quoi pouvait ressembler la vie nocturne dans la capitale de l'Indre, du temps de sa prospérité économique. S'il n'a pas directement connu l'époque américaine, Nicolas Pavlicevic, dont la mère tenait une auberge très fréquentée par les GI's dans les environs de Châteauroux, fut le témoin privilégié de récits évoquant la présence des Américains et de leurs frasques, sans doute tant par son père que par sa mère. C'est ce qui l'a poussé à témoigner de cette vie nocturne, souvent mentionnée dans l'histoire des villes de garnisons américaines mais qui n'avait que peu fait l'objet de récits détaillés dans la littérature consacrée au sujet. Le lecteur (re)découvre ainsi la "valse" des prostituées descendant de Paris par le train tous les quinze jours, les soirs de paye à la base américaine, mais aussi les clivages existants entre les soldats américains Noirs et les Blancs, qui ne fréquentaient pas les mêmes bars ou boîtes de nuits, insufflant des ambiances musicales différentes en fonction des lieux, les Noirs étant pionniers de cette musique nouvelle et inconnue dans l'Indre qu'on appelle le jazz...
Outre les tribulations nocturnes de la population castelroussine, Nicolas Pavlicevic nous donne à considérer le contexte d'alors, et le fossé qui existait entre Français et Américains : ainsi le restaurant des parents de l'auteur n'était pas doté de chauffage central, et cette étape ne fut franchie qu'à grands frais non pour leur confort personnel, mais pour conserver la clientèle! Le self-service, qui aujourd'hui est largement intégré était alors une nouveauté pour les employés civils de la base, si bien que Wojo avait dû s'en faire expliquer le fonctionnement! Enfin, à l'époque où les avions cargos américains en provenance des Etats-Unis déchargeaient quotidiennement leurs cargaisons à Châteauroux, l'armée française, elle, communiquait encore par le biais de pigeons voyageurs!
L'auteur commet pourtant quelques erreurs ou approximations historiques : ainsi, page 9, ce n'est pas l'existence du grand aéroport qui fait pencher les stratèges américains pour l'installation d'une base US à Châteauroux, puisque ce sont les Américains qui ont construit l'aéroport dans sa forme actuelle. Il n'existait, avant leur arrivée, que deux insuffisantes aires d'atterrissage en herbe, l'une à Déols, l'autre à la Martinerie.
L'initiative de Nicolas Pavlicevic mérite donc d'être saluée. Pourtant, ce témoignage romancé n'a rien de très littéraire, ni dans la forme, ni dans le style. S'il est mû par le désir, voire par la nécessité de témoigner de l'histoire de son père, l'auteur nous prouve toutefois que ne s'improvise pas écrivain qui veut! Son texte comporte en effet de nombreuses erreurs stylistiques et structurelles qui rendent la lecture parfois laborieuse, empêchant la bonne compréhension du propos. Par exemple, lorsque le récit bascule sans guillemets ni italique de la 3e à la 1ère personne du singulier, le lecteur demeure perplexe, ne sachant plus si l'auteur fait parler son père ou s'il parle en son nom propre. Il faut dire que par le biais d'un style familier, même parfois "parlé", l'auteur n'hésite pas à inclure ses commentaires personnels et ses jugements à l'histoire qu'il relate, interpellant le lecteur, digressant fréquemment et faisant preuve d'une emphase traduisant l'admiration touchante, mais parfois un peu naïve, du fils envers son père.
Outre les tribulations nocturnes de la population castelroussine, Nicolas Pavlicevic nous donne à considérer le contexte d'alors, et le fossé qui existait entre Français et Américains : ainsi le restaurant des parents de l'auteur n'était pas doté de chauffage central, et cette étape ne fut franchie qu'à grands frais non pour leur confort personnel, mais pour conserver la clientèle! Le self-service, qui aujourd'hui est largement intégré était alors une nouveauté pour les employés civils de la base, si bien que Wojo avait dû s'en faire expliquer le fonctionnement! Enfin, à l'époque où les avions cargos américains en provenance des Etats-Unis déchargeaient quotidiennement leurs cargaisons à Châteauroux, l'armée française, elle, communiquait encore par le biais de pigeons voyageurs!
L'auteur commet pourtant quelques erreurs ou approximations historiques : ainsi, page 9, ce n'est pas l'existence du grand aéroport qui fait pencher les stratèges américains pour l'installation d'une base US à Châteauroux, puisque ce sont les Américains qui ont construit l'aéroport dans sa forme actuelle. Il n'existait, avant leur arrivée, que deux insuffisantes aires d'atterrissage en herbe, l'une à Déols, l'autre à la Martinerie.
L'initiative de Nicolas Pavlicevic mérite donc d'être saluée. Pourtant, ce témoignage romancé n'a rien de très littéraire, ni dans la forme, ni dans le style. S'il est mû par le désir, voire par la nécessité de témoigner de l'histoire de son père, l'auteur nous prouve toutefois que ne s'improvise pas écrivain qui veut! Son texte comporte en effet de nombreuses erreurs stylistiques et structurelles qui rendent la lecture parfois laborieuse, empêchant la bonne compréhension du propos. Par exemple, lorsque le récit bascule sans guillemets ni italique de la 3e à la 1ère personne du singulier, le lecteur demeure perplexe, ne sachant plus si l'auteur fait parler son père ou s'il parle en son nom propre. Il faut dire que par le biais d'un style familier, même parfois "parlé", l'auteur n'hésite pas à inclure ses commentaires personnels et ses jugements à l'histoire qu'il relate, interpellant le lecteur, digressant fréquemment et faisant preuve d'une emphase traduisant l'admiration touchante, mais parfois un peu naïve, du fils envers son père.
Les fautes d'orthographe et de grammaire (notamment la concordance des temps) sont nombreuses, alors que, paradoxalement, l'imparfait du subjonctif est lui aussi assez présent et utilisé très à propos! Une relecture sérieuse a donc clairement manqué dans la préparation de ce livre, ce qui est regrettable car sans cela, cet ouvrage au demeurant sympathique eût été nettement plus recommandable! Dommage donc que cette compilation d'anecdotes unique, fleurant bon l'ère américaine, ne soit pas mieux mise en valeur, il s'en est fallu de peu! Au niveau iconographie, là encore, l'essai n'est pas transformé puisqu'une dizaine de photographies assez ternes agrémente quelques pages du livre, parfois sans légendes et imprimées sur un papier qui n'est pas fait pour ça...
Ce petit opus est donc à prendre avec indulgence pour ce qu'il est : le témoignage sans prétention d'une expression assez inédite de l'Amérique castelroussine, celle d'un immigré monténégrin en quête d'Arizona et qui, de son propre aveu, reconnut : "Châteauroux, c'est déjà mon Amérique à moi!"
Ce petit opus est donc à prendre avec indulgence pour ce qu'il est : le témoignage sans prétention d'une expression assez inédite de l'Amérique castelroussine, celle d'un immigré monténégrin en quête d'Arizona et qui, de son propre aveu, reconnut : "Châteauroux, c'est déjà mon Amérique à moi!"
4e de couverture d'Il a fait son Amérique à Châteauroux, de Nicolas Pavlicevic. |
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Il a fait son Amérique à Châteauroux
de Nicolas Pavlicevic
240 pages
20 euros
ISBN 978-2-919009-65-7
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