vendredi 14 août 2015

La Rochelle, base américaine de l'OTAN 1950 - 1967



Paru en 2008, ce livre est une version revue et enrichie de l’étude La Rochelle à l’heure américaine 1950 - 1964, parue deux ans avant ce nouvel opus. Si l’allure générale des deux volumes est très proche, ce livre est bien plus richement illustré que le précédent. Dès l’introduction, les auteurs précisent en effet l’objet de ce nouvel ouvrage très proche de leur précédent : l’idée est de « compléter certaines données importantes (…) et proposer une iconographie plus fournie ». En effet, l’intégralité des photos parues dans La Rochelle à l’heure américaine 1950 - 1964 est reprise dans La Rochelle, base américaine de l’OTAN 1950 - 1967, mais l'iconographie est très nettement complétée par de nombreux autres clichés, toujours en noir et blanc. Ce volume compte pas moins de 227 illustrations pour 230 pages, contre 54 illustrations pour le précédent opus. Pour autant, se doter de ce livre en boudant le précédent n’est une alternative intéressante, puisque le texte a été profondément repris. Hormis quelques redites concernant l’impact culturel (cinéma et musique) de la présence américaine en France, ce deuxième ouvrage complète certains aspects non traités dans le précédent volume. 

D’abord, quoique succincte, une présentation des différentes emprises de la Rochelle et de ses alentours utilisées par l’US Army (Aufrédy, Jeumont, Laleu, Lagord) plante le décor, ce qui n’avait pas été fait dans l’ouvrage précédent. Si tous les camps ne font pas l’objet d’un présentation aussi détaillée que celui de Croix Chapeau, par exemple, le lecteur a au moins une vue d’ensemble, et dispose de quelques piste à creuser si les autres camps l’intéressent également. En revanche, un plan de situation général de ces différents camps américains fait toujours défaut à cette édition, comme nous le regrettions pour la précédente. De même, une photo d’ensemble de la fameuse caserne Aufrédy aurait été bienvenue.

Dès l’introduction, le texte de cet ouvrage retrace les grandes lignes des accords ayant conduit à l’installation US en France, donnant au lecteur les principales clés pour une compréhension claire du sujet. En cas de conflit entre l’OTAN et l’URSS, la France aurait alors servi de base arrière, pour accueillir et traiter les blessés, mais aussi ravitailler les troupes combattantes stationnées en Allemagne. Les stocks d’armement, d’eau et de vivres entreposés en France devaient alors permettre de ravitailler 300 000 hommes 30 jours durant!

Les auteurs rappellent de façon judicieuse que si aujourd’hui, grâce aux études sur le sujet et au recul de l’histoire, on comprend bien les raisons qui ont poussé l’US Army à venir s’installer durablement en France, ce n’était pas franchement le cas de la population française au début des années cinquante.
Peu et mal informés de la stratégie de l’OTAN, d’emblée, les Charentais ne voient pas d’un très bon oeil cette arrivée massive de soldats en uniformes, en temps de paix, cinq ans tout juste après la fin de l’occupation allemande. A l’incompréhension s’ajoutent l’anxiété et le mécontentement, car les Américains, s’ils ne réquisitionnent pas comme le faisait auparavant les Allemands, passent pourtant pour des spoliateurs de terrains (même si les propriétaires terriens sont indemnisés) pour l’installation de leurs bases.

Cet ouvrage met davantage l’accent sur les employés civils français, et permet également une mise en lumière importante, car mal connue : celle des gardiens polonais. Ces gardes polonais du Polish Labor Service, pour beaucoup d’anciens prisonniers durant la Seconde Guerre mondiale, farouchement anti-communistes, s’étaient fait embaucher par l’US Army en Europe. Bien qu’ils fussent en uniforme, ils n’avaient pas de statut militaire, mais avaient accès aux commodités et infrastructures américaines, au même titre que les GI’s. Ces gardes polonais n’étaient pas une spécificité des installations de la Rochelle, et d’après les auteurs, près de 1500 gardes polonais servirent pendant la guerre froide en Europe occidentale pour surveiller les camps et bases américaines.

Enfin, si cet ouvrage, d’après son titre, concerne bien une période allant jusqu’à 1967, contrairement au précédent qui, à notre surprise, allait jusqu’en 1964, une partie de l’explication est donnée. En effet, il apparaît que dès 1963, des réductions budgétaires américaines avaient induit la fermeture de certains camps dès 1964 (comme celui de Fontenet), uniquement mentionné à cette occasion dans l’ouvrage. Or, c’est bien l’allocution du général de Gaulle de mars 1966 qui fut le déclencheur du départ définitif des troupes américaine de France, entreprise aussitôt et achevée le 31 mars 1967, soit un an plus tard.

La conclusion de cet ouvrage pose la bonne question de la création d’un musée, ou tout du moins d’un lieu commémoratif de cette époque, et de cette présence militaire alliée inédite sur le sol français. Une idée qu’il convient de creuser tant elle est légitime…. Quoi qu’il en soit, La Rochelle, base américaine de l’OTAN 1950 - 1967 trouvera parfaitement sa place aux côtés de La Rochelle à l’heure américaine 1950 - 1964 dans votre bibliothèque, les deux ouvrages, bien que très proches et comprenant certaines redites, étant complémentaires.


4e de couverture de La Rochelle, base américaine de l'OTAN, 1950 - 1967.

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