1ère de couverture du livre de Bruno Mascle 1951-1967 Les Américains à Châteauroux. |
Depuis 66 ans, la présence de l'armée de l'air américaine à Châteauroux n'a eu de cesse d'alimenter fascination et nostalgie pour cette époque révolue... et ce n'est pourtant pas fini! Un nouveau livre sur le sujet vient de paraître au début du mois de juillet : 1951-1967, Les Américains à Châteauroux, co-édité par La Nouvelle République et les éditions La Bouinotte.
Trois semaines seulement après son lancement, l'ouvrage - qui avait fait l'objet d'une souscription - fait déjà défaut à l'éditeur qui a lancé une réimpression. L'ouvrage sera à nouveau disponible à partir du 20 août. En attendant de pouvoir à nouveau le commander, voici déjà de quoi vous en faire une première impression ci-dessous. N'hésitez pas à cliquer sur le bouton "Tenez moi au courant" de la page de l'éditeur et d'y renseigner votre adresse e-mail pour être informé de la disponibilité de l'ouvrage!
Seize années de présence américaine dans la capitale de l'Indre, plus de 7000 Américains y vivant, représentant près de 25% de la population d'une ville moyenne du Centre de la France, évoluant dans de grosses voitures laissant échapper des airs de jazz et de rock'n roll, le tout quelques années seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale... vous avez dit "révolution"?
A coup sûr, l'implantation du gigantesque dépôt aérien pour toute l'US Air Force en Europe a chamboulé le tranquille équilibre castelroussin, fait tourner des têtes et pleuvoir des dollars...
Pas étonnant que, quand on évoque la présence américaine en France durant la guerre froide, l'exemple de Châteauroux s'impose d'emblée et soit devenu le cas d'école et, parfois, également l'arbre qui cache la forêt...
Cinquante ans après le départ définitif des Américains, en 1967, la "période américaine" de la ville nourrit aujourd'hui encore une profonde nostalgie pour ceux qui l'ont connue, et un fantasme pour ceux qui en ont seulement entendu parler. Le plein emploi, l'argent facile, la vie nocturne, la musique, l'activité aérienne... toutes ces conséquences induites par la présence américaine ont laissé un vide béant dans une ville et auprès d'une population qui ne s'en sont jamais vraiment remises...
Cette atmosphère a, depuis, nourri de nombreuses démarches historiques, romanesques et même cinématographiques, surtout quand on sait qu'un certain Gérard Depardieu a grandi à Châteauroux à cette époque et a commencé à s'encanailler au contact des Airmen du Chateauroux Air Depot (CHAD).
On pouvait de fait s'attendre à une production littéraire plus conséquente sur le sujet depuis 1967. Aussi, quand on découvre le nouveau livre de Bruno Mascle, on se dit qu'enfin, l'ouvrage francophone de référence sur l'histoire de la base américaine de Châteauroux est arrivé : couverture rigide, mise en page agréable et colorée, nombreuses illustrations, le premier contact est très appétissant! En survolant les pages, on glane des vues d'avions, mais aussi des photos de mariages (mixtes, à coup sûr), d'ouvriers français, de cités américaines en Berry... A première vue, le traitement du sujet semble exhaustif, intégrant les nombreuses conséquences sociales, économiques et culturelles de l'installation de la base de l'US Air Force, notamment les importants mouvements sociaux lors du départ des Américains.
La lecture de l'ouvrage nuance toutefois un peu les choses. D'abord parce qu'elle recadre un peu les espoirs du lecteur aérophile. Plus qu'un livre sur l'histoire de la base et du dépôt de l'US Air Force, ce que nous espérions, il s'agit - comme son titre l'indique, finalement - d'évocations thématiques de la période américaine de Châteauroux. Aucune tromperie sur la marchandise donc, simplement une sensibilité aéronautique un peu trop marquée de notre part qui s'en est trouvée légèrement frustrée, tout étant affaire de tempérance dans la vie.
Revenons en donc à l'ouvrage en lui même : une quinzaine de chapitres thématiques reviennent sur ce qu'était la vie à Châteauroux à l'époque américaine, au travers de l'activité économique, de l'animation des rues - en particulier le soir, de la vie sociale et des unions franco-américaines qui en ont découlées... De façon générale, si les noms de villages ou de bistrots sont propres à Châteauroux, les aspects traités par Bruno Mascle dans ce livre parleront à tout ancien riverain d'une garnison américaine en France dans les années 50-60, qu'elle soit à Evreux, Toul, Orléans ou Verdun!
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L'ouvrage s'articule finalement un peu comme un catalogue d'exposition, l'auteur ayant étoffé ses différents axes de travail en consultant des articles de journaux d'époque, rencontré des vétérans américains et français, mais aussi beaucoup puisé dans la filmographie et la littérature des témoignages parfois directs, souvent indirects. Le documentaire Chateauroux Airport d'Anice Clément, a manifestement beaucoup servi à l'auteur, de même que des articles d'époque de La Nouvelle République ou de La Marseillaise du Berry, souvent restitués in extenso.
Précisons que Bruno Mascle est journaliste à La Nouvelle République. On comprend donc qu'il ait mis à profit les sources de la presse quotidienne régionale d'époque. Le bémol qui en découle revient à l'iconographie : bien que nombreuses et imprimées en grand format, plusieurs photos sont en effet tirées d'articles de journaux d'époque, présentant une importante trame d'impression au détriment de leur qualité. En outre, les crédits photographiques et la mention des sources, telles que les articles cités, font défaut, ce qui est dommage d'un point de vue historiographique. Même des photos plus contemporaines, de récentes cérémonies mémorielles, pêchent vraiment en termes de qualité et l'on peut se demander alors, pourquoi les avoir imprimées en si grand si la définition faisait défaut? Enfin, les légendes, en étant plus précises, auraient pu compenser d'un point de vue documentaire la qualité relative de certaines illustrations. C'est assez regrettable, car les autres aspects éditoriaux sont quant à eux au rendez-vous : qualité du papier, mise en page, reliure, couverture rigide...
Précisons que Bruno Mascle est journaliste à La Nouvelle République. On comprend donc qu'il ait mis à profit les sources de la presse quotidienne régionale d'époque. Le bémol qui en découle revient à l'iconographie : bien que nombreuses et imprimées en grand format, plusieurs photos sont en effet tirées d'articles de journaux d'époque, présentant une importante trame d'impression au détriment de leur qualité. En outre, les crédits photographiques et la mention des sources, telles que les articles cités, font défaut, ce qui est dommage d'un point de vue historiographique. Même des photos plus contemporaines, de récentes cérémonies mémorielles, pêchent vraiment en termes de qualité et l'on peut se demander alors, pourquoi les avoir imprimées en si grand si la définition faisait défaut? Enfin, les légendes, en étant plus précises, auraient pu compenser d'un point de vue documentaire la qualité relative de certaines illustrations. C'est assez regrettable, car les autres aspects éditoriaux sont quant à eux au rendez-vous : qualité du papier, mise en page, reliure, couverture rigide...
Pour le reste, cette évocation historique, économique, sociologique et culturelle de l'implantation US dans l'Indre de 1951 à 1967 n'en n'est pas moins sympathique et se parcourt aisément. Un chapitre concerne notamment l'institution castelroussine récemment fermée, chez "Joe from Maine", sans doute le premier fast-food installé en France que Depardieu aimait à fréquenter. Les connaisseurs de l'histoire de la base n'apprendront pas grand chose de nouveau, si ce n'est peut être l'impression du journal de la base, sous-traitée dans l'imprimerie de Jean Fourton, dont les employés étaient majoritairement communistes et cégétistes. Mais ce n'est finalement qu'une demi-surprise quand on a un peu connu le monde de "l'imprimerie de papa". Les lecteurs moins familiers de cette tranche d'histoire américaine rêveront quant à eux à ce Shatoo-woo perdu (Châteauroux prononcé "à l'américaine") dont le souvenir est devenu légendaire, à l'évocation des accidents de voitures, des bordels, des bagarres, des bars pour les Noirs ou pour les Blancs, entourant le souvenir de la capitale de l'Indre d'un parfum de bas-quartier de Chicago ou de Seattle...
4e de couverture. Cliquez pour agrandir. |
Par Bruno Mascle, préface de Léandre Boizeau. Co-édition La Bouinotte / La Nouvelle République, 21x27 cm, 128 pages, couverture rigide, plus de 150 illustrations, 26 euros.
Mit en bibliographie dans l'article sur la base de Châteauroux du wikipedia :)
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