mercredi 23 août 2017

Grostenquin, tertio

Les premières caravanes du "trailer park" primitif de Grostenquin constituèrent une solution d'urgence, en pleine
crise du logement, pour héberger une partie des familles canadiennes en  Lorraine, au début des années 1950.
Photo B. Morgan.

Ce mercredi 23 août, les portes de la base aérienne de Grostenquin vont s'ouvrir pour accueillir le rassemblement annuel des gens du voyage et de leur association Vie et Lumière, coutumier des anciennes bases aériennes de l'OTAN. Après 2006 et 2015, c'est la 3e fois que cette ancienne base canadienne accueillera ce rassemblement, dont les dates officielles sont du 27 août au 3 septembre. Mais pour des raisons d'encombrement des environs et pour limiter les bouchons, le site ouvre toujours quelques jours plus tôt et ferme quelques jours plus tard pour étaler arrivées et départs.

La polémique gronde depuis début juillet : une fois encore, c'est la base de Grostenquin qui a été désignée par l'Etat pour accueillir le rassemblement estival annuel de gens du voyage où convergent chaque année 25000 à 30000 tziganes, représentant 6000 à 7000 caravanes. 
C'est la fois de trop pour les maires des environs qui ont décidé de le faire savoir en répandant début juillet, des tonnes de lisier sur le portail et autour de l'entrée de l'ancienne base canadienne, comme le relatait le Républicain Lorrain au début de l'été.


Des manifestations des maires des environs ont même eu lieu, le 9 juillet à Sarrebourg et le 1er août à Metz. 
Les habitants du secteur de Grostenquin avaient été relativement épargnés par le rassemblement tzigane pendant de nombreuses années par rapport aux habitants de Chambley ou Damblain, du fait de l'activité des forces aériennes française, allemande et américaine sur l'ancienne base canadienne qui hébergeait un site du polygone de guerre électronique (PGE).
Depuis plusieurs années pourtant, face à la vente progressive de ces anciennes bases aériennes militaires aux collectivités territoriales, l'Etat dispose de moins de sites potentiels. Dans le même temps, l'activité du PGE décline et ses différents sites ferment (comme le fort des Adelphes à Epinal) ou sont employés de moins en moins fréquemment. Ce qui explique la réquisition, une fois encore de l'ancienne base de Grostenquin, toujours propriété de l'Etat, à l'inverse de Lure, Damblain, Marville ou Chambleu qui avaient accueilli le rassemblement à plusieurs reprises au cour des décennies passées.

De leur point de vue, les élus locaux se voient imposer à une fréquence s'accélérant ce rassemblement qui perturbe, il est vrai, la quiétude de ce coin de campagne et apporte sons lot de désagréments. En outre, une grande partie du site de l'ancienne base étant une zone de protection de la faune et de la flore, un tel rassemblement inquiète également les défenseurs de la nature et des espèces endémiques.
Cette année cependant, les moyens policiers auraient été nettement accrus par rapport au rassemblement de 2015 et un no man's land surveillé devrait interdire l'accès au zones protégées.



Si l'on en croit la presse locale, le Premier ministre aurait promis aux maires manifestants que la base de Grostenquin accueillerait cette année le rassemblement tzigane pour la dernière fois. Une promesse politique qui, selon la formule consacrée, n'engage que ceux qui y croient, l'actuel gouvernement ayant déjà prouvé ces dernières semaines qu'une promesse faite le lundi pouvait être contredite le jeudi suivant, sans besoin d'attendre une quelconque alternance gouvernementale...

Enfin, lundi dernier, le pasteur Charpentier, "grand Manitou" du rassemblement tzigane, a démenti auprès de France Bleu Lorraine la rumeurs selon laquelle l'association Vie et Lumière souhaitait se porter acquéreur de l'ancienne base canadienne pour la tenue de ses rassemblements annuels. Voilà qui devrait rassurer un peu les élus locaux.

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